Soulager la douleur après une mastectomie avec la cryoneurolyse

Après une mastectomie, de nombreuses patientes souffrent de douleurs neuropathiques importantes au niveau du sein. Une nouvelle option thérapeutique, la cryoneurolyse, consiste à calmer les douleurs en congelant le nerf responsable. Cette intervention mini-invasive ne dure que quelques minutes.

La cryoneurolyse, une nouvelle option thérapeutique mini-invasive pour soulager le syndrome douloureux après mastectomie

Après une mastectomie, ablation totale d'un sein, de nombreuses patientes souffrent de douleurs neuropathiques importantes au niveau du sein. Appelée syndrome douloureux post-mastectomie, c’est une complication courante dont l’impact est considérable sur la qualité de vie des patientes.

Ces douleurs étant difficilement soulagées par les traitements médicamenteux, une nouvelle approche est actuellement en cours de développement : la cryoneurolyse. Cette nouvelle option thérapeutique consiste à calmer les douleurs persistantes en congelant le nerf responsable. Cette intervention mini-invasive ne dure que quelques minutes.

Qu'est-ce que le syndrome douloureux post-mastectomie ?

Le syndrome douloureux post-mastectomie (SDPM) est une complication fréquente de la chirurgie mammaire. On estime qu’il affecterait 30 à 80 % des femmes ayant subi une mastectomie (1), intervention consistant à retirer le sein dans sa totalité.

Les symptômes ressentis par les patientes sont des douleurs nerveuses importantes dans la paroi thoracique, le bras et l’aisselle. Elles s’intensifient habituellement à l’effort. Ces douleurs peuvent s’exprimer de différentes manières : les patientes rapportent des sensations de décharges électriques intenses (de type « coup de poignard ») ou des brûlures constantes.

Ce syndrome peut être causé par :

  • Une détérioration des nerfs irriguant la zone du sein ;
  • La formation de tissus cicatriciels douloureux au niveau des nerfs.

L’origine de ces douleurs est variée :

  • Origine pré-opératoire : âge jeune, obésité, dépression, angoisse, douleur préexistante, consommation d’opioïdes…
  • Origine post-opératoire : douleur post-opératoire immédiate, douleur neuropathique, amplification de la sensibilité douloureuse autour de la cicatrice (hyperalgésie péri-cicatricielle), chimiothérapie, radiothérapie…

Une alternative aux traitements médicamenteux pour soulager la douleur après mastectomie : la cryoneurolyse

Le syndrome douloureux post-mastectomie est difficile à traiter. Le plus souvent, la prise en charge est médicamenteuse et consiste à soulager les douleurs par des traitements antalgiques et des corticoïdes. Des massages et drainages lymphatiques ou des injections de toxine botulinique peuvent également aider.

Malgré ces médications multiples, une partie des patientes rapportent des niveaux de douleur constants au fil du temps, et ne sont pas soulagées. Ces douleurs ont un impact considérable sur leur qualité de vie.

De nouvelles approches sont donc en cours de développement pour calmer la douleur après mastectomie, telles que la cryoneurolyse. La cryoneurolyse percutanée a déjà montré son efficacité dans le traitement des douleurs neuropathiques dans différents contextes cliniques (douleurs intercostales, herpès, zona, douleurs du rachis…).

Dans le cadre des douleurs après une mastectomie, une source potentielle de la douleur est notamment attribuée au nerf intercostobrachial. Il s’agit d’un nerf particulièrement vulnérable pendant les chirurgies du sein, de par sa localisation. La cryoneurolyse de ce nerf pourrait donc soulager les douleurs liées au syndrome douloureux post-mastectomie.

Cryoneurolyse pour douleur post-mastectomie : quels résultats ?

En 2022, une étude clinique s’est penchée sur la question en réunissant 14 patientes atteintes du syndrome douloureux post-mastectomie. L’objectif était d’évaluer la faisabilité, l'innocuité et l'efficacité de la cryoneurolyse du nerf intercostobrachial pour le contrôle de la douleur post-mastectomie chez ces patientes (2).

La procédure a été une réussite chez ces 14 patientes :

- Avec une diminution significative de la douleur moyenne à 10, 90 et 180 jours après la cryoneurolyse :

  • De 2,1 points à 10 jours (P = 0,0451) ;
  • De 2,4 points à 90 jours (P = 0,0084) ;
  • De 2,9 points à 180 jours (P = 0,0028).

- Avec une réduction significative de l’impact de la douleur sur les activités quotidiennes :

  • De 14,4 points après 10 jours (P = 0,0161) ;
  • De 16,2 points après 90 jours (P = 0,0071) ;
  • De 20,7 points après 180 jours (P = 0,0007).

L’étude conclut ainsi que la cryoneurolyse du nerf intercostobrachial est techniquement faisable et sûre. Elle entraîne une diminution significative de la douleur post-mastectomie et une amélioration nette de la qualité de vie.

La cryoneurolyse pour douleur post-mastectomie présente-t-elle des risques ?

La cryoneurolyse pour douleur post-mastectomie est une procédure mini-invasive de radiologie interventionnelle, effectuée sous anesthésie locale.

Elle est réalisée par un radiologue interventionnel expérimenté sous contrôle radiologique constant. Les risques de ce type de procédure sont donc drastiquement réduits.

En outre, l’étude susmentionnée a rapporté une absence de complication ou d’événement indésirable lié à la procédure. Des études supplémentaires sont nécessaires pour élargir l’échantillon, de taille limitée dans la première étude (14 patientes). Toutefois, les auteurs estiment déjà que la cryoneurolyse pourrait être une alternative aux médicaments antidouleurs pour traiter les douleurs après une mastectomie.

Comment se déroule la procédure de cryoneurolyse pour douleur post-mastectomie ?

La cryoneurolyse est réalisée sous anesthésie locale et contrôle radiologique, en salle de radiologie interventionnelle.

Elle consiste à congeler une aiguille. Le praticien l’insère sous la peau du patient, sous contrôle d’images du scanner. Il la positionne sur le nerf endommagé afin d’y délivrer un froid extrême et réalise plusieurs cycles de congélation / décongélation. Cette exposition au froid va détériorer le nerf et l’empêcher d’envoyer des signaux de douleur. Le nerf se régénère dans les 6 à 8 mois.

La procédure est particulièrement rapide et ne dure qu'une vingtaine de minutes seulement. Elle a en outre l’avantage d’être entièrement indolore pour la patiente et de ne laisser aucune cicatrice. Elle est réalisée en hospitalisation ambulatoire (aucune nuit d'hospitalisation) et ne nécessite aucun soin postopératoire.

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American Hospital of Paris
2023-02-21T12:05:15